Bruno Saby, la légende qui refuse de lever le pied
- Philippe
- il y a 2 jours
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Il y a des pilotes qu’on respecte, et puis il y a ceux qui forcent l’admiration rien qu’en prononçant leur nom : Bruno Saby fait clairement partie de cette seconde catégorie. À 76 ans, le gamin de La Tronche s’apprête à replonger dans le plus dur des rallyes-raids, le Dakar, avec la même flamme que lorsqu’il découvrait les spéciales d’Isère au volant de ses premières Alpine et Renault 5 Turbo.
Né au pied des montagnes, il apprend très tôt à “lire” la route, à jouer avec l’adhérence changeante, la lumière qui tombe sur les cols, la rigueur des enchaînements en appui. Dans les années 70, il explose en championnat de France, signant podiums et victoires jusqu’à décrocher le titre en 1981, au terme d’une campagne qui va le faire basculer du statut de régional respecté à celui de référence nationale. Ce mélange de modestie terrienne et de rage de vaincre va devenir sa marque de fabrique.
Les années 80 l’installent dans la cour des très grands. Avec Renault d’abord, il devient l’une des figures de la R5 Turbo, avant de rejoindre Peugeot et sa 205 Turbo 16, arme absolue du Groupe B, avec laquelle il remporte un Tour de Corse 1986 aussi légendaire que tragique. Ce succès sur l’île de Beauté lui ouvre les portes de Lancia : Cesare Fiorio le recrute pour intégrer l’armada Delta, et Saby va enchaîner les performances, jusqu’à cette victoire magistrale au Monte-Carlo 1988 avec la Delta HF 4WD, un Monte maîtrisé comme un funambule sur la glace et le verglas.
Son palmarès est un mille-feuille de titres et de coups d’éclat : champion de France des rallyes, double champion de France des rallyes Terre, vice-champion à plusieurs reprises et régulièrement installé dans le top 3 du championnat national. Il brille aussi en rallycross, où il accroche un titre de champion de France et une place de vice-champion avec une Delta S4 survitaminée, preuve qu’il sait aussi dompter les formats sprint les plus spectaculaires. Mais la carte de visite la plus folle reste cette passe de trois unique pour un Français : Tour de Corse 1986, Monte-Carlo 1988 et Paris-Dakar 1993.
Car après avoir régné sur l’asphalte, Saby bascule dans le monde du rallye-raid. Mitsubishi lui confie un Pajero officiel et il apprivoise le désert comme il a apprivoisé les montagnes, en stratège autant qu’en attaquant : en 1993, avec Dominique Serieys dans le baquet de droite, il remporte le Paris-Dakar, offrant à Mitsubishi une nouvelle victoire majeure et inscrivant son nom dans l’histoire africaine du raid. Derrière ce succès, il y aura d’autres podiums (2e, 3e, 7e…) et une incroyable collection de victoires d’étapes sur Mitsubishi, Ford Ranger Protruck puis Volkswagen.
Avec Volkswagen, il franchit encore un cap : au volant du Race Touareg, il remporte la Coupe du monde des rallyes tout-terrain 2005 avec Michel Périn, en s’imposant notamment en Argentine, au Maroc et en Turquie, tout en terminant 5e du Dakar. Là encore, Saby ne se contente pas de conduire : il participe à la mise au point des autos, à la stratégie, à la structuration des programmes, devenant un véritable capitaine de route pour des équipes de pointe.
Et pourtant, malgré ce CV long comme une spéciale de nuit, Bruno Saby n’a jamais disparu des radars. On le retrouve en ouvreur sur le Tour de Corse, parrain du “10 000 virages”, animateur passionné de rallyes historiques, toujours partant pour reprendre le volant d’une Lancia Delta Integrale, d’une Ypsilon HF “électrique” sur un E-Rallye ou d’une auto de collection. Son lien avec Lancia est d’ailleurs resté intact : il en parle comme d’une “histoire d’amour”, et chaque apparition en Corse ou en historique avec une Delta réveille instantanément la nostalgie des années de gloire.
Alors, pourquoi revenir sur le Dakar en 2026 ? Parce que Saby n’a jamais considéré le désert comme un simple souvenir. À 76 ans, il repart à l’attaque avec le Team Milano Racing, dans un projet pensé sérieusement : un Taurus T3 Evo Max de la catégorie Challenger, un SSV moderne, agile, conçu pour encaisser les dunes saoudiennes, et à sa droite un copilote en pleine ascension, Benjamin Boulloud, récemment titré champion de France des rallyes avec Yoann Bonato. L’équipage portera le numéro 328, symbole d’une nouvelle page qui s’écrit autant pour le jeune copilote que pour le vétéran.
Saby parle lui-même d’un “pari un peu fou”, mais ce pari est tout sauf un coup de com’ nostalgique. Il s’inscrit dans la continuité de ses récents engagements : participation au Tour de Corse Historique avec Milano Racing, essais intensifs du Taurus T3 Evo Max, implication dans le développement de l’auto et partage d’expérience avec toute la structure. À l’heure où beaucoup revendiquent la “passion” sur les réseaux, lui la vit encore casque sur la tête, ceinture serrée, regard planté droit vers l’horizon des dunes.
Sur la ligne de départ de Yanbu en janvier 2026, il ne sera pas seulement un “ancien vainqueur de retour au Dakar” : il sera le trait d’union vivant entre l’Afrique d’hier et l’Arabie saoudite d’aujourd’hui, entre les Groupe B en flammes et les SSV high-tech, entre la légende et le présent. Pour tous ceux qui aiment vraiment le sport auto, voir Bruno Saby remonter dans un baquet à ce niveau, c’est un cadeau : la preuve qu’on peut vieillir sans jamais éteindre le moteur de la passion.
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