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Rome et le Vatican : quand l’automobile emprunte la Via Sacra



Caput Mundi. Cité éternelle. Berceau de la chrétienté et de la civilisation occidentale. Rome fascine depuis des millénaires, et le Vatican, État souverain enclavé dans la capitale italienne, en est le cœur spirituel. Mais au-delà des pierres millénaires, des fresques de Raphaël et des coupoles de Michel-Ange, un autre témoin du XXe siècle se faufile entre les basiliques et les colonnes : l’automobile.


Rome, berceau du design et de la dolce vita motorisée

L’histoire de l’automobile à Rome est intimement liée à celle de l’Italie industrielle. Dans les années 1950 et 1960, la capitale devient le théâtre d’un phénomène unique : la démocratisation de la voiture. Avec l’essor de la Fiat 500 – petite, agile, parfaite pour les ruelles tortueuses du Trastevere ou les pentes escarpées du Janicule – Rome vibre au son des moteurs deux cylindres refroidis par air. Les Vespa bourdonnent comme des insectes autour du Colisée, et Cinecittà immortalise cette Italie en mouvement dans les films de Fellini ou de De Sica.

Le cinéma devient un vecteur puissant de l’imaginaire automobile : dans "La Dolce Vita", la Lancia Aurelia B24 cabriolet devient presque un personnage à part entière. Plus tard, les Alfa Romeo Giulietta, les Ferrari, ou les Maserati croisent sur la Via Veneto les regards des passants, incarnant l’élégance mécanique à l’italienne.


Le Vatican : des papes… et des Popemobiles

Si le Vatican évoque surtout les rites, les conclaves et les trésors artistiques, il possède pourtant une histoire automobile à part entière, méconnue et singulière. Dès le règne de Pie XI (1922-1939), passionné de technique, l’automobile trouve sa place derrière les murs de la Cité du Vatican. En 1929, après la signature des accords du Latran, la première plaque d’immatriculation "SCV 1" (Stato della Città del Vaticano) est apposée sur une Graham-Paige, offerte par les fidèles américains.


Plus tard, Mercedes-Benz livrera plusieurs véhicules officiels aux souverains pontifes, dont la célèbre 600 Pullman Landaulet, allongée, surélevée et partiellement découverte pour permettre au pape de bénir les fidèles. Cette tradition donnera naissance au surnom affectueux : la "Popemobile". Certaines furent blindées (Jean-Paul II, après l’attentat de 1981), d’autres électriques (François, plus soucieux d’écologie que d’apparat), mais toutes ont marqué l’histoire diplomatique et symbolique du Saint-Siège.

Un musée peu connu, le Pavillon des Carrosses au Vatican, conserve aujourd’hui des pièces rares : landaus pontificaux, papamobiles historiques, et même une Citroën CX Prestige aux suspensions hydropneumatiques, offerte par la France.


Rome aujourd’hui : entre restrictions et renaissance

Si autrefois Rome accueillait des Grand Prix dans ses faubourgs (comme à Vallelunga), la ville est aujourd’hui le théâtre d’une réflexion sur la place de l’automobile dans la cité antique. La congestion, la pollution, et le respect du patrimoine obligent les autorités à restreindre la circulation dans certaines zones, à promouvoir l’électromobilité, et à encourager les modes doux. Pourtant, chaque année, des événements comme le Gran Premio Roma Storico ou le passage de la Mille Miglia réveillent la passion automobile dans les artères chargées d’histoire.


Un voyage au volant à travers le temps

Parcourir Rome et le Vatican en amateur d’automobile, c’est lire une histoire en creux : celle de la mobilité dans une ville conçue pour les chars, mais qui a su intégrer le progrès sans renier son passé. Des galeries d’art baroque aux garages d’Alfa et Ferrari, des papamobiles aux scooters Piaggio, tout ici raconte l’amour de la machine bien née, du style affirmé, et du geste technique au service d’un mode de vie.


À Rome, l’automobile ne roule pas, elle défile. Elle honore les siècles tout en se frayant un passage dans le présent. Un art de vivre motorisé, à l’italienne.


 
 
 

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